[Boîte à outils] Le Cartable Fantastique, une association qui facilite la scolarité des enfants dyspraxiques

La dyspraxie est source de nombreuses difficultés à l’école. Sans prise en charge adéquate, les élèves qui en souffrent peuvent développer une image négative d’eux-mêmes, un désintérêt pour l’école et même une phobie scolaire. Faisons le point sur ce handicap et les possibilités d’accompagnement des élèves, à travers notre rencontre avec Valérie Grembi, de l’association Le Cartable Fantastique.

Que fait exactement l’association Le Cartable Fantastique ?

Simple : « Le Cartable Fantastique est une association qui propose des ressources permettant de faciliter la scolarité des enfants en situation de handicap, et plus particulièrement dyspraxiques. Ces ressources naissent du croisement des regards de chercheurs en sciences cognitives et d’enseignants.« 

Simple, mais important ! Commençons par comprendre ce qu’est qu’un « enfant dyspraxique ».

La dyspraxie

Les troubles de la coordination motrice d’origine développementale, souvent appelés dyspraxie, sont caractérisés par des performances pour les activités demandant une coordination motrice, qui sont inférieures à celles d’un enfant du même âge et ayant eu les mêmes types d’apprentissage et d’utilisation de ces capacités motrices. Le trouble de la coordination motrice retentit sur la vie quotidienne et les performances scolaires.

Qui ? Quand ?

Les troubles de la coordination motrice, trop souvent encore méconnus, doivent être évoqués devant un enfant maladroit et lent. Le signe d’appel est souvent le déficit de l’écriture manuscrite (dysgraphie). Ces enfants peinent à dessiner les lettres, ce qui absorbe une grande partie de leur attention et les empêche de se consacrer aux autres aspects (orthographe, sens des mots…). L’absence d’automatisation du geste fait que l’enfant se trouve en situation de double tâche et donc en situation d’effort cognitif plus grand, conduisant à plus de lenteurs et à plus d’erreurs.

Le déficit des gestes de motricité fine est gênant dans la vie quotidienne et scolaire (boutonner ses vêtements, manger proprement à table, jouer, dessiner, écrire à la main). Dès la maternelle, des exercices de motricité fine, y compris des activités ludiques, exposent les enfants dyspraxiques à des difficultés et même à l’échec.

Est-ce que la dyspraxie ne concerne que les gestes ?

Les troubles de la coordination motrice s’accompagnent souvent de difficultés à se repérer dans l’espace, ce qui perturbe la façon dont l’enfant appréhende son environnement. Un trouble de l’organisation du regard a été mis en évidence qui rend compte des difficultés à écrire, à lire (notamment des documents visuels aux mises en pages compliquées, avec trop d’images et de textes entremêlés) et à dénombrer des objets. C’est ainsi qu’à l’école élémentaire, l’enfant dyspraxique peut être en difficulté lors de l’apprentissage de la lecture, non parce qu’il est dyslexique, mais parce qu’il a du mal à localiser les mots, à progresser sur la ligne et à analyser des informations présentées sous forme d’images. En arithmétique, il peut également avoir du mal à dénombrer les objets d’une collection, non parce qu’il est dyscalculique, mais en raison des anomalies visuo-spatiales qui rendent difficile de distinguer 42 de 24 par exemple, de résoudre des opérations arithmétiques posées et de faire de la géométrie.

L’imagerie cérébrale montre des anomalies du fonctionnement de la région pariétale, impliquée dans la planification des gestes, les compétences numériques et les compétences spatiales.

Combien ?

Le trouble de la coordination motrice n’est pas rare. Sa prévalence serait de 5 % pour des enfants entre 6 et 11 ans. Il est deux fois plus fréquent chez les garçons.

Quoi faire ?

Pour accompagner et aider les enfants avec trouble de la coordination motrice, il faut contourner le déficit, et adapter l’environnement pour éviter que l’enfant renonce. Le travail avec un ergothérapeute est indispensable. Des mesures d’accessibilité, puis de compensation, la mise en place d’outils spécifiques en particulier centrés sur les nouvelles technologies (permettant de soulager la charge d’écriture et d’organisation des supports d’apprentissage), comme le « Cartable fantastique » (www.cartablefantastique.fr/)ont montré leur efficacité.

Le Cartable Fantastique

Le Cartable Fantastique est donc une association, fondée par Caroline Huron, psychiatre, chercheuse INSERM. Dirigée par Valérie Grembi, enseignante et ex directrice de l’école Votre école chez vous, qui amène l’école à la maison de ceux qui ne pouvaient pas s’y rendre.

Le but du « Cartable » est de proposer aux enseignants des outils pour compenser et adapter les activités de classe — en particulier celles de lecture, écriture, et mathématiques — de manière à ce que l’enfant dyspraxique puisse montrer tout ce qu’il sait faire, sans être entravé par son handicap.

  • Un handicap n’est pas une maladie, ne se soigne pas. Mais « ça s’aide » ! L’objectif est l’autonomie dans le travail scolaire, notamment au collège.
  • Ceci est possible grâce à des outils dont l’élève s’approprie progressivement, au primaire, à des adaptations sur papier et à l’ordinateur. Par exemple?
  • Un simple ruban word, qui permet aux élèves dyspraxiques d’écrire plus facilement à l’ordinateur, de choisir une police adaptée.
  • L’enseignant peut aider l’élève à s’outiller, mais peut aussi s’approprier lui-même d’outils qui permettent de créer des exercices sans obstacles inutiles pour les enfants dyspraxiques.
  • Le Cartable Fantastique met à disposition une banque d’exercices « adaptables » en langue et en mathématiques, mais aussi une plateforme pour la création d’exercices…
  • Enfin, l’enseignant peut s’appuyer sur des outils pleinement développés sous format adapté et non adapté ; c’est le cas de manuels scolaires Sesamath que le Cartable Fantastique a « modifiés » pour qu’ils ne posent pas de problèmes aux enfants dyspraxiques.

Il n’y en a pas 2 pareils

Attention ! Les enfants dyspraxiques sont, comme tous les enfants, tous pareils et tous différents !

Ceci veut dire que chaque fois qu’on veut adapter un outil pour un enfant en particulier il faut… s’adapter à sa spécificité. Certains enfants dyspraxiques préfèrent des textes en couleur, d’autres pas.

Comment faire? On peut commencer par leur montrer l’outil adapté et leur demander s’ils le préfèrent… Au fond, l’outil doit être pensé pour l’enfant, et pas l’envers.

Mais c’est aussi le cas que des enfants « non-dyspraxiques » peuvent trouver utiles les adaptations que l’enseignant amène en classe  pour l’enfant ou les enfants dyspraxiques. pourquoi pas ? Difficultés motrices, d’attention, difficultés liées à un trouble autiste, ça s’est déjà vu que les enfants qui en souffrent trouvent les « inventions » du Cartable bien adaptées à leur situation. A utiliser donc sans hésiter.

Le principe est toujours le même : comprendre de quoi chaque enfant a besoin et chercher à trouver des solutions qui permettent à ses capacités de se manifester.

De bons principes

La démarche du Cartable Fantastique se base sur une série de principes que les enseignants peuvent considérer comme un petit guide au « Comment faire quand je découvre que l’un des enfants de ma classe est dyspraxique »…

En voici la liste, mais n’hésitez pas à en découvrir les contenus sur le site du Cartable Fantastique :

Principe n°1 : Considérer l’enfant dyspraxique avant tout comme un élève
Principe n°2 : Voir aussi — et d’abord — les atouts
Principe n°3 : Éliminer les situations de double tâche
Principe n°4 : Prendre en compte le handicap dans toutes les situations pédagogiques
Principe n°5 : Diversifier les types d’adaptations au cours d’une même journée
Principe n°6 : Prendre en compte la fatigabilité
Principe n°7 : Déterminer des adaptations spécifiques à chaque enfant
Principe n°8 : Rendre les enfants acteurs des adaptations
Principe n°9 : Faire évoluer les adaptations en fonction de l’évolution de l’élève, en cours d’année si besoin
Principe n°10 : Préconiser des solutions qui favorisent l’autonomie de l’élève plutôt que des solutions qui se font au détriment de cette autonomie
Principe n°11 : Permettre à l’élève de faire la même chose que les autres, au même moment, même si les modalités ne sont pas les mêmes
Principe n°12 : Identifier du matériel ou des méthodes pédagogiques à la fois adaptés à l’élève dyspraxique et pertinents et utilisables pour l’ensemble de la classe
Principe n°13 : Réfléchir à des méthodes pédagogiques différenciées pour l’apprentissage de certaines compétences directement touchées par le handicap
Principe n°14 : Accepter de sauter des étapes irréalisables en raison du handicap
Principe n°15 : Réfléchir les adaptations en pensant à l’avenir
Principe n°16 : Travailler en collaboration avec les paramédicaux quand les compétences à acquérir sont au cœur du déficit

Références


  • Huron, C. (2011). L’enfant dyspraxique: mieux l’aider, à la maison et à l’école. Odile Jacob.
  • Béatrice, D., Yves, Q. (2010). Apprendre malgré… Le handicap ou la maladie. Odile Jacob.

Article rédigé par Elena Pasquinelli, Mars 2020

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